Message original: vieux sage
Bonjour,
Étudions maintenant Alésia-Salins : le site se présence ainsi : une zone de petites collines improprement appelée "plaine" et de deux côtés les montagnes du poupet (850 m) au Nord et Château-sur-Salins, fort St-André (environ 630m) au Sud. Nous avons vu que César appelle la Citadelle de Besançon "montagne de grande hauteur" . Le créateur de la thèse, Pierre Jeandot place l'Urbs à l'emplacement de la ville de Salins ; les partisans de deux associations qui défendent encore le site se sont bien rendu compte que P. Jeandot ne respectait pas le texte puisque César dit : "l'oppidum d'Alésia est au somment d'une colline", mais ne ils ne sont pas d'accord sur l'emplacement de l'Urbs : les uns la placent "Aux Prés du Roi" dans la cuvette en aval du fort St-André, les autres la situent sur la montagne de ce même St-André, mais comme la surface est trop faible (50 ha) pour accueillir un aussi grand nombre de personnes et d'animaux, ils agrandissent le site jusqu'aux pieds des pentes à 45°.
Le rempart au soleil levant se trouverait sous les falaises dans le lit de la Furieuse où il aurait été parfaitement inutile. Quand à la bataille mettant aux prises 60.000 Gaulois et presqu'autant d'ennemis elle se serait déroulée entre les pentes du Poupet et les Gorges de la Furieuse, route départementale 472.
Ce site ne convient pas, mais la ville de Salins dispose de nombreux autres atouts pour son développement touristique (la plus grande cité séquane, un riche passé historique, de nombreux vestiges) ; le site d'Alésia dépendait du trésor salifère et se trouvait vraisemblablement à proximité.
En réponse aux observations de Vieux Sage sur la thèse Alésia=Salins :
1) la plaine
Au sujet de la plaine de 3000 pas, César la décrit comme « planite quam intermissam collibus» (VII, 70) ce que la quasi-totalité des traducteurs traduisent par « la plaine entourée de collines » mais à mon avis rien n'interdit de traduire par la plaine entrecoupée de collines c'est-à-dire vallonnée. De toutes façon les deux traductions correspondent à la plaine d'Aiglepierre-Marnoz-Salins qui fait exactement 4,5 kilomètre entre le col des Arsures et la descente sur Salins (après les usines de Sanijura). Pour s'en convaincre, il suffit de faire l'expérience avec un compteur kilométrique d'auto ou de vélo.
2) la ville
Sur l'enplacement de l'URBS (la ville) César ne donne pas d'indication, si ce n'est qu'elle n'est pas sur la colline de l'oppidum car il oppose les deux : « Persecto urbis situ ... Ipsum erat opidum Alesia in colle summo » (BG, VII, 68-69) ce que E. De Saint-Denis traduit par : « Ayant examiné la position de la ville ... La place (= l'oppidum) d'Alésia proprement dite était au sommet d'une hauteur ». J'aurais tendance à placer la ville (Urbs) sur les bords de la Furieuse, à l'emplacement actuel de Salins, plutôt qu'aux prés du Roy, car les sources salines exploitées par les Mandubiens (cf. la remandure) se trouvent à cet endroit.
3) le camp au soleil levant
Le rempart au soleil levant serait effectivement inutile si il se trouvait sur les falaises de la Furieuses mais il n'est pas à cet endroit qu'il faut le placer. Pour bien comprendre le contexte il faut traduire correctement le texte de César (BG, VII, 69) : « Sub muro quae pars collis ad orientem solem spectabat, hunc omnem locum copiae Gallorum compleureant ».
Ce que L.A. Constans traduit frauduleusement par : « Au pied du rempart, tout le flanc oriental de la colline était occupé par les troupes gauloises ». Maurice Rat fait à peu près la même traduction. E. De Saint-Denis traduit un peu mieux par « Au pied du rempart la partie de la hauteur qui regardait vers le soleil levant avaient été entièrement occupée par des troupes gauloises ». Une bien meilleure traduction (bien que moins littéraire car mot à mot) serait celle proposée par Christian de Mérona : « Sous le mur, une partie de la colline qui regardait vers le soleil levant, tout ce lieu là les troupes gauloises l'avaient rempli ».
Il ne s'agit en effet pas du flanc oriental mais bien d'une partie de la colline qui regardait vers le soleil levant. Or à la fin de l'été, le Soleil levant arrive sur l'oppidum de Salins au lieu dit Grange Salgret, c'est-à-dire au point faible de l'oppidum que les Gaulois ont verrouillé en élevant un mur en y disposant des troupes.
J'ajoute que ce lieu « ad orientem solem » doit forcément se trouver du côté de la plaine de 3000 pas car tous les deux sont devant l'oppidum :
(BG, VII, 69): « ante id oppidum planities circiter milia passuum III in longitudinem patebat »
E. de Saint-Denis : « En avant de cette place une plaine s'étendait sur une longueur d'environ trois mille pas ».
(BG, VII, 71) : « copias omnes quas pro oppido collocauerat in oppidum recipit » .
E. de Saint-Denis : « Il fait rentrer dans la place toutes les troupes qu'il avait établies en avant ». Pour info Constans traduit par : « Il fit rentrer dans la ville (!) toutes les troupes qu'il avait établies sous les murs » !!! Autre bel exemple de la rigueur alisienne !
4) la bataille des 60 000 de Vercassivellaunos
Selon la thèse salinoise, cette bataille n'a pas eu lieu sur les seules pentes du Mont Poupet mais sur une ligne allant du Bief Rousset (par lequel César est venu prêter main forte à Labiénus) jusqu'à la Furieuse en incluant la colline du Nord (a septentrionibus collis), la colline Méhaut, où se trouvait le camp romain de Réginus et Rébilus.
Merci pour les atouts touristiques.