obelix a écrit :Il y a ce passage de César que l'on a jamais vraiment décortiqué (BG VI;10) :
Suebos omnes, posteaquam certiores nuntii de exercitu Romanorum uenerint, cum omnibus suis sociorumque copiis, quas coegissent, penitus ad extremos fines se recepisse: siluam esse ibi infinita magnitudine, quae appellatur Bacenis; hanc longe introrsus pertinere et pro natiuo muro obiectam Cheruscos ab Suebis Suebosque ab Cheruscis iniuriis incursionibusque prohibere: ad eius initium siluae Suebos aduentum Romanorum exspectare constituisse.
les Suèves, instruits par des messagers de l'approche de l'armée romaine, s'étaient, avec toutes leurs troupes et celles de leurs alliés, retirés jusqu'à l'extrémité de leur territoire; (5) que là est une forêt d'une grandeur immense, appelée Bacenis, qui s'étend fort avant dans l'intérieur du pays, et qui, placée comme un mur naturel entre les Suèves et les Chérusques, met ces deux peuples à l'abri de leurs entreprises et de leurs incursions mutuelles; c'est à l'entrée de cette forêt que les Suèves avaient résolu d'attendre l'arrivée des Romains.
La situation géographique est clairement décrite; La forêt de Bacenis sépare les Suèves des Chérusques. D'après César, elle est très grande (silvam esse ibi infinita magnitudine) et très profonde (hanc longe introrsus pertinere). Elle forme une frontière naturellement fortifiée entre ces deux peuples. Les Suèves se placent à l'entrée de cette forêt, donc pile poil sur leur frontière. Et c'est pour indiquer leur déplacement que César écrit: "penitus ad extremos fines se recepisse". Le problème est de définir si il se retirent jusqu'au territoire extrême ou jusqu'à la frontière extrême. Je dirais qu'ils se retirent jusqu'à la frontière parce que c'est précisément le cas ici, mais de là à le prouver
Il est tout de même curieux que ni le traducteur ni toi même n'ayez remarqué qu'au début du passage il y avait bien présence de deux verbes différents,"coegissent" d'une part et "se recepisse" d'autre part,et ayez traduit ce passage comme s'il n'y eut qu'un seul verbe.
D'abord "coegissent" qui est l'imparfait du subjonctif de cogo signifiant assembler,réunir,puis ensuite le verbe "se recipisse",infinitif parfait de recipio signifiant se retirer,ramener.
En fait,César nous dit que les Suèves rassemblent dans un premier temps toutes leurs troupes et celles de leurs alliés,certainement dans un lieu se situant au centre de leur territoire (c'est ce qu'on pourrait appeler la concentration),pour dans un second temps les retirer au ("ad") fond ("penitus") de la dernière partie ("extremos") de leur territoire ("fines").
Désolé,"penitus" qui est un adverbe de manière signifiant profondément,jusqu'au fond,
implique obligatoirement la profondeur d'un espace,ne pouvant qu'être ici que la dernière partie du territoire des Suèves ("extremos fines") et excluant donc une simple ligne à une dimension constituée par la frontière!
Et "penitus" se rapporte bien à "se recepisse" et non à "coegissent" comme je te l'ai vu affirmer dans un mail antérieur.
Enfin la préposition "ad" exprime bien ce mouvement de retrait vers le fond du territoire.